Au delà de ces considérations personnelles, pour nous médecins, je crois qu'il est important de nous poser avec ce malaise que l'incertitude médicale nous renvoie. D'aller appuyer là où ça fait mal, et de comprendre pourquoi ça nous fait mal de "ne pas savoir" et aller regarder comment on réagit quand on est dans cette situation. Quelle(s) réponse(s) toute faite vient sortir à voix haute, pour mettre la poussière sous le tapis? Pour réduire notre propre détresse? Celle d'être face à quelqu'un qui souffre et dire "je ne sais pas" ou pire "la science actuelle ne sait pas, et je n'ai pas de solution unique pour apaiser vos souffrances".
Et de l'autre côté : qu'est-ce qu'on attend du médecin au fond ? Qu'est-ce qu'on est prêt.e à entendre en consultation ? Sous quel délai, au bout de combien de temps de recherche ? Quelle posture souhaite-t-on que le médecin qui cherche à comprendre ait envers nous ?
7/7
=> More informations about this toot | View the thread
Ca me laisse quand même avec un gros trou de "qu'est-ce que je fais de cette personne en face de moi et qui souffre?". Alors évidemment qu'il n'y a pas une réponse toute faite et applicable à tout le monde. Évidemment qu'une piscine va être payée à ma psychotherapeute merveilleuse pour détricoter tout ça et trouver un compromis "confortable" pour moi. J'ai un compas moral qui m'oriente vers les choses à ne pas faire : dénigrer, infantiliser, remettre en question la plainte, minimiser... J'en passe.
Je pense quand même qu'il faut qu'on questionne ça collectivement, qu'on soit du milieu médical ou non.
6/7
=> More informations about this toot | View the thread
En deux mots, comment je gère mon ignorance / incertitude?
Est-ce que je la maquille d'un "de toute façon, vous n'avez rien / c'est dans votre tête, puisque ce n'est pas dans le champs de mes connaissances !" Spoiler : nope.
Est-ce que je prends un raccourci validiste/grossophobe/autre -iste ou -phobe pour ne pas avoir à questionner le mal-être que cette incertitude réveille en moi, la remise en question derrière ça : "il faut maigrir, ça résoudra tout - c'est à cause de l'âge - c'est parce que vous avez tel handicap, ça doit être ça qui vous crée ce symptôme que je ne sais expliquer ? Bien sûr que non.
5/7
=> More informations about this toot | View the thread
Et LÀ ! Arrive la grande question, que je me pose à longueur de journée : "est-ce que c'est moi/les éventuels spécialistes à qui j'ai demandé qui n'avons pas la connaissance nécessaire pour poser un diag / savoir où et quoi chercher ?" OU "Est-ce que c'est un symptôme fonctionnel/médicalement inexpliqué qu'il faut prendre en charge différemment que la vieille médecine à papa ?". Est-ce que je suis nul, comme médecin? Est-ce qu'il y a un truc auquel je pense pas ? Est-ce qu'il me manque LA pièce du puzzle ? Est-ce que je devrai faire ce scanner supplémentaire ? Cette analyse en plus ? Ou est-ce que même en faisant 14 IRM de plus, on en sera toujours au même point? Faut-il arrêter de chercher et admettre comme réponse "c'est un symptôme médicalement inexpliqué ?"
4/7
=> More informations about this toot | View the thread
Alors au début, on cherche. On ne comprend pas forcément mais on cherche. "Pourquoi cette personne a mal à cet endroit, ça n'a aucun sens médical! J'y comprends rien à sa toux/sa douleur/son symptôme!"
On fait des scanners, des prises de sang, des anticorps anti-trucs, on demande à des spécialistes. Puis personne ne sait, finalement, on a tout fait, tout a l'air de fonctionner normalement. Mais la personne a mal. N'arrive pas à dormir. A des difficultés à respirer.
3/7
=> More informations about this toot | View the thread
Et puis il y a les "symptômes médicalement inexpliqués" qui sont et qui vont être de plus en plus présents dans notre quotidien. Les symptômes "fonctionnels" qui font souffrir, ou qui font tousser ou qui perturbent le transit... Ces perturbations de l'état "normal", du confort de la pleine santé, qui créent la détresse : docteur, je ne suis plus comme avant, il y a quelque chose qui ne va pas.
2/7
=> More informations about this toot | View the thread
Je pensais n'avoir, en consultation, aucun mal à dire "je ne sais pas". En tant que médecin généraliste on doit connaître un peu tout, on sait poser ou évoquer beaucoup de diagnostics fréquents, connus. Je peux diagnostiquer une grippe, une varicelle, une crise de goutte (aïe) évoquer une colique néphrétique (re-aïe), une polyarthrite rhumatoïde... les lumières s'allument dans ma tête à l'évocation de certains symptômes et ensuite je cherche !
Mais la pathologie rare, qu'on n'a encore jamais rencontrée en vrai, évoquée une fois en cours en quatrième année (il y a facilement 10 ans maintenant), et dont on n'a plus entendu parler depuis, j'en ai (et la plupart des med gé aussi) très certainement oublié les symptômes et la présentation. Les syndromes rhumatologiques peu fréquents, les maladies systémiques complexes, par exemple.
1/7
=> More informations about this toot | View the thread
À propos d'incertitude en médecine générale - thread qui n'a aucune autre vocation que de poser un ressenti ici, dans un but cathartique ou jsp quoi, pour nourrir des réflexions éventuelles autour du raisonnement médical.
=> More informations about this toot | View the thread
Premier #vendredilecture, j'étais obligé de mettre ce livre. Je n'ai jamais rien lu de tel et ne relirai jamais rien de tel. Je donnerai beaucoup pour retrouver le plaisir savoureux de le lire pour la première fois. Je retourne m'y réfugier, au besoin, régulièrement avec le même plaisir.
Il s'agit de La Maison dans Laquelle - de Mariam Petrosyan.
Dans la Maison, il y a les Chiens, les Faisans, les Oiseaux, les Rats, le Quatrième groupe, les Bandar Logs.
Il y a Sphinx, Chacal Tabaqui, Fumeur, l'Aveugle, Vautour, Lord, Ralf Le Noir.
Il y a la Forêt , la Cafetière, la Nuit des Contes et la Nuit la plus Longue, le dortoir des Crevards Pestiférés. En entrant dans la Maison, vous apprendrez à comprendre les messages sur les murs, à éviter le Sépulcre, à rejoindre les sauteurs et les tombants. Vous appartiendrez à un groupe et devrez respecter ses règles, prendre soin des autres, aider les roulants. Vous n'aurez pas le droit de posséder un objet qui donne l'heure. Dans la Maison, le monde extérieur sera banni, interdit. Vous ne voudrez jamais en sortir, vivre pour toujours entre ses vieux murs.
"Salut à vous les avortons, les prématurés et les attardés. Salut les laissés pour compte, les cabossés et ceux qui n'ont pas réussi à s'envoler. Salut à vous les enfants-chiendent."
=> More informations about this toot | View the thread
Le jeudi, pour moi, c'est un peu moisi. Mais ce matin, ma musique a été empathique et m'a trouvé un onguent du matin pour apaiser cette journée abrasive. #pouetradio
https://youtu.be/WEcs7GxxbF4?si=xiLf0KYlTd8tCZTy
=> More informations about this toot | View the thread
Hello le cosmos! Merci pour tous les abonnements et les messages de bienvenue. Aujourd'hui j'ai besoin d'un coup de main, wink wink à la commu #fantasy #litteraturefantasy.
Je suis un peu dans un creux de lecture, et j'ai besoin de recommandations récentes ou moins récentes.
J'ai déjà lu ÉNORMÉMENT de fantasy pour adulte récente, un jour je ferai un post pour lister, mais là j'ai envie d'un truc plutôt pas écrit par un mec, plutôt ambiance heroic fantasy > SF (mais je suis pas fermé si la SF est trop bien), plutôt bien écrit/avec une narration innovante.
Je prends toutes les recos coup de coeur ou les posts si vous en avez fait, je ferai le tri entre ce que j'ai lu ou non.
Et comme je suis pas avare non plus, je partage un truc coup de cœur récent : la série de 2 livres "Histoires de moine et de robot" de Becky Chambers. C'est doux, wholesome, agréable à lire, innovant. L'histoire est très apaisante en même temps qu'elle pose des questions sur des sujets de fond, bref c'est trop bien.
=> More informations about this toot | View the thread
[#]introduction #introductionfr
De retour ici, suite aux conseils de @Grandasse_ @lila_bliblu ❤️. L'idée principale est de trouver une autre source d'informations plus safe et moins pourries jusqu'à la moelle que sur Meta, no surprises here.
Je suis médecin, généraliste, engagé pour faire des consultations un lieu plus safe et inclusif.
J'ai écris une thèse sur les #violencesmedicales, pour essayer de réfléchir autour de ça (hésitez pas à demander/discuter si ça vous intéresse). J'accueille aussi les patient.es trans sur Toulouse pour faire des prescriptions l'hormonothérapie (primo-prescriptions aussi). Je suis en train de me former à la santé sexuelle, au chemsex et à la prescription de la prep aussi.
Sinon, in a nutshell, je me suis mis récemment au tricot, je joue beaucoup (trop) à tout un tas de jeux vidéos indé, je lis des kilomètres de fantasy, et aussi d'autres trucs plus engagés/politiques, je suis sensible à la douceur de la poésie.
Je suis ouvert à la discussion sur ces sujets, je sais écouter, j'essaye toujours de me remettre en question et d'apprendre sur ce que je ne connais pas.
[#]knitting #maltraitancemedicale #jeuxVidéosIndépendants #fantasybooks #poesie
=> More informations about this toot | View the thread
Ca commence bien, tout pareil !
=> More informations about this toot | View the thread
Page 1/260, let's go 💪
=> More informations about this toot | View the thread
Cette dissociation est familière à toutes les personnes qui ont été victimes de traumatisme. C'est de ce mécanisme qu'elle vient.
Un autre pendant de cette déconnexion sont les troubles de la mémoire. L'amygdale permet habituellement aussi d'intégrer le moment désagréable au circuit de la mémoire.
Étant déconnectée en situation de trauma, elle ne peut plus jouer ce rôle, et donc apparaissent des troubles de la mémoire, qui peuvent aller jusqu'à une amnésie totale de la situation. Cela crée une mémoire "pathologique" qui ne passe pas par les bons circuits : la mémoire traumatique.
Voilà c'était fort long, mais je trouve ça ultra intéressant de comprendre à quoi correspond la dissociation traumatique, d'un point de vue physiologique.
J'ai fait de nombreux raccourcis, n'hésitez pas à visiter le lien qui est plus pointu (mais du coup aussi plus touffu) sur les mécanismes physiologiques.
=> More informations about this toot | View the thread
Le problème de ça, c'est que ces hormones sont pratiques à court terme, pour répondre rapidement et disparaître. Mais à long terme, si ça ne s'arrête pas c'est dangereux pour l'organisme.
C'est toxique pour le cerveau, le coeur, avec des risques d'infarctus, d'hypertension. Sauf que comme le contrôle habituel de l'amygdale (le cortex) est sidéré, elle ne se rend pas compte de ça, et elle continue de bombarder les hormones, puisque ça continue de clignoter en rouge "DANGER".
En gros ça montre une première chose : une situation extrêmement traumatique pourrait être mortelle pour nous, pas uniquement à cause de la situation en elle-même, mais aussi à cause de la réponse disproportionnée du corps à cette situation.
Du coup, que fait le corps pour éviter ce double danger ?
Il secrète des endorphines particulières (morphines endogènes, et du N-Méthyl-D-Aspartate qui fait l'effet de la ketamine) pour DECONNECTER l'amygdale.
Comme elle est roue libre à secreter n'importe comment, on la coupe purement et simplement.
Elle n'est plus là = plus de ressenti désagréable de la situation = plus de douleur (veritable anesthesie) = plus de sécrétion d'adrénaline/cortisone = plus de risques d'infarctus etc.
=> More informations about this toot | View the thread
Maintenant en situation de traumatisme: les choses sont différentes.
Au début, tout se met en place pareil. L'hypothalamus reçoit pleins de stimuli : des sons, des sensations tactiles, des infos visuelles, tout ça crie DANGER ! Donc il envoie l'info à l'amygdale, qui va envoyer la cavalerie habituelle.
SAUF QUE ! en situation de traumatisme, c'est la suite qui ne marche pas. La situation est tellement brutale/violente/soudaine/imprévue que le cortex est sidéré. Il ne sait plus comment réagir. Il ne comprend littéralement pas ce qu'il se passe.
Sauf qu'au niveau physiologique, pas comprendre = pas faire ce qu'on fait d'habitude.
La conséquence de cette incompréhension = il ne dit pas a l'amygdale de s'arrêter, il ne donne jamais l'ordre du retour à la normale. Donc, comme un apprenti sorcier qui ne sait pas arrêter ses balais, l'amygdale continue à bombarder le corps d'adrenaline/cortisol/noradrénaline en continu.
=> More informations about this toot | View the thread
C'est seulement après cette action "réflexe" (thalamo - amygdalienne), que le cortex tout pataud se réveille.
On baisse le feu de la casserole, on nettoie le bazar, on engueule Jordan :gribz_grrr: et ses deux neurones d'avoir tapé le ballon vers nous.
C'est les actions thalamo - cortico (pour cortex) amygdaliennes.
C'est là que ça devient intéressant et ultra important !
Quand l'amygdale se met en action, elle y va pas avec le dos de la cuiller.
Elle envoie tout ce qu'elle a, pour nous faire faire face au danger : Adrénaline, Noradrénaline, Cortisol... Ça augmente le sucre dans le sang, ça fait battre notre coeur plus vite, ça nous donne les capacités pour faire face au danger (fight or flight). Une fois le danger passé, le cortex, le rationnel dit a l'amygdale de se détendre un peu, d'arrêter le surrégime, de faire redescendre la pression, et les choses rentrent dans l'ordre.
=> More informations about this toot | View the thread
Pour aller un peu plus loin, direction le cerveau :
Qu'est-ce qu'il se passe quand on reçoit un stimuli de danger ? Toute la suite se passe bien sûr en une fraction de seconde:
Ça arrive à la gare de tri : le thalamus, qui reçoit tout ce qui est sensoriel : ça brûle, ça pique, ca sent le brûlé, ca a de très grandes dents, etc.
Une fois analysé, le thalamus envoie l'info à une autre structure cérébrale : l'amygdale, qui est le réacteur.
Elle nous fait ressentir la peur, l'anxiété, le fait que la situation est désagréable.Elle est également responsable de la douleur. Enfin, elle nous fait réagir à la situation.
En gros, le thalamus be like "hey cette situation est vraiment pourrie, il faudrait qu'on réagisse mais chuis pas payé pour ça", et l'amygdale "leave it to me Johnny".
C'est donc au tour de l'amygdale. Ça y est, on y est, on doit RÉAGIR pour s'extirper du danger. Et si c'est un gros danger, pas le temps de l'analyser. Le cortex est LENT et on n'a pas le loisir de réfléchir. La main se retire de la surface chaude, on bouge la tête pour éviter un ballon qui nous arrive dessus...
=> More informations about this toot | View the thread
La base : prenons un personnage fictif, Lisa.
Lisa se retrouve en situation de traumatisme, aka une menace à son intégrité physique ou psychique, que le cerveau analyse en tant que telle. Cette situation est tellement au-delà de sa compréhension que le cerveau "disjoncte" littéralement créant la dissociation traumatique. C'est cette disjonction qu'on va essayer de vulgariser.
Pour comprendre la suite il faut saisir un principe : nos réactions face aux choses de la vie sont la plupart du temps dictées par notre conscience. On voit/entend/sent un danger, on analyse le truc, et on réagit en conséquence.
Mais certaines choses ne passent pas par la conscience ! Quand on touche un truc brûlant, la main se rétracte avant qu'on ait conscience que ouille, la poêle est effectivement chaude, on peut envoyer les patates.
C'est la différence entre une réaction corticale (passant par le cortex cérébral, conscientisée) et sous corticale (inconsciente, réflexe). (Encore une fois, c'est très simplifié, si vous voulez plonger dans la neurophysio, internet is deep).
=> More informations about this toot | View the thread
=> This profile with reblog | Go to ArthRedBeard@mastodon.opportunis.me account This content has been proxied by September (ba2dc).Proxy Information
text/gemini