La deuxième étape a été l’agression du 7 octobre 2023 dont le résultat immédiat a été de détourner l’attention du monde de l’Ukraine pour la concentrer sur la Palestine, et qui a ouvert la voie à une autre politique de la force : celle, déjà contenue depuis des années dans les déclarations des partisans de Netanyahou, mais soudain promulguée en tant que doctrine unique du salut d’Israel de la violence radicale, de la destruction radicale, en réponse, non pas d’un groupe terroriste, mais des moyens de vivre de l’ensemble d’une population, – c’est-à-dire l’utilisation de la force, quelles qu’en soient les conséquences, pour imposer une solution qui est aujourd’hui claire comme le jour : imposer la doctrine de la guerre permanente comme seul moyen d’existence d’Israël. L’idée est que s’il y a danger, tous les moyens deviennent légitime non pas seulement pour parer à ce danger, mais pour le prévenir, et même pour le prévenir d’apparaître. Cette doctrine est aussi celle de la légitimité d’une réponse asymétrique : on frappe vingt fois plus qu’on a été frappé, – ce qui est supposé dissuader toute tentative future. – Il y a évidemment des tortures dans les prisons d’Israel, mais l’essentiel de la répression me paraît ailleurs : il s’agit pour le pouvoir israélien en place non pas de « rééduquer » les Palestiniens. Il s’agit d’écraser moralement les gens, de les plonger dans des conditions de vie telles qu’ils perdent toute volonté d’existence, et donc, il s’agit de prolonger la guerre aussi longtemps que possible, pour que le choc mental, moral, social, des destructions fasse son effet sur les millions de personnes concernées. Il s’agit de transformer une population (je ne dis même pas une nation, la nation palestinienne) en troupeau. C’est à cela que nous assistons – sauf que je n’ai pas l’impression que ça marche du tout, ça. Au contraire. Mais la volonté de le faire est là.
Ça, donc, c’est la deuxième étape. – Dans les deux cas, nous avons assisté à une confirmation : l’ONU n’existe pas. Il n’existe aucune loi internationale. Tout cela est de la fiction pure, et l’inculpation par la Cour pénale internationale de Netanyahou est venue le prouver si besoin : les pays de l’UE ont dit qu’ils ne l’appliqueraient jamais.
S’ouvre aujourd’hui une troisième étape, – d’abord par les déclarations de Musk puis par celles de Trump, qui paraissent totalement délirantes, sur le Groenland, Panama ou le Canada. Ces déclarations, que signifient-elles sinon qu’elles sont la suite de celles de Poutine qui ont mené au 24 février 2022 ? Elles signifient que, maintenant que le camp des « démocraties occidentales » est tellement affaibli, tellement rongé de l’intérieur par la guerre d’Ukraine, par les guerres intérieures liées à l’horreur palestinienne, par les crises économiques induites par la guerre (sachant qu’il existait aussi d’autres raisons, tout aussi graves, pour que les sociétés occidentales soient rongées de l’intérieur), eh bien, on peut vivre dans un nouveau monde. Celui de la force brute et de la guerre généralisée. La guerre, pour l’instant, par les mots. Bientôt la guerre économique – comme si elle n’existait pas déjà ! – mais elle sera bien pire, et l’idée est, là encore, de montrer l’inexistence de la résistance. Que va faire l’UE pour aider le Danemark ? Que va faire le Canada pour ne pas devenir, tout entier, le 51eme état des USA ? Et qui empêchera un corps expéditionnaire américain à Panama ? Parce que, c’est bien ce qui risque d’arriver, là, sous nos yeux, dans les quelques années (voire moins) à venir, même si nous avons commencé par rigoler, même si la réaction première a été de ne pas y croire ?
La seule chose qui soit permanente, c’est ça : les monstres proclament ce qu’ils feront, et personne n’y croit, parce que nous pensons que ce n’est pas possible, puisque nous sommes entre gens du même monde.
Sauf que, ce « même monde », il n’a juste jamais existé.
Et puis, qui défendra Taïwan, quand celui qui tire les ficelles, ou les marrons du feu, décidera qu’il peut y entrer tranquillement ? Taïwan, j’ai l’impression, n’est pas la première cible, mais la dernière… Mais Taïwan, ici, en Occident, qui s’en occupe ?
En Europe, pendant ce temps, les gouvernements sont incapables (voire, simplement, inexistants) ou rendus incapables par l’union de leurs oppositions contraires, et tout va bien, Madame la Marquise. Le Pen est mort.
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Le billet sur Facebook
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Je copie-colle le dernier billet d’André Markowicz sur FB, parce que je crois que beaucoup d’entre nous ne voudront plus aller sur FB, mais c’est là qu’il écrit. On est dans ce moment de bascule, c’est un sentiment très fort. J’avais envie de vous dire comment il le décrit. Je crois que nous sommes nombreux â être pris de ce vertige.
Les trois étapes
Une espèce de terreur, de vertige, qui vous prend quand on regarde comment nous avons basculé dans une nouvelle époque après le 24 février. Et si nous étions les témoins d’un basculement en trois étapes ?
La première, c’est l’agression, comme disent, à juste titre, les Ukrainiens, « à échelle pleine » contre leur pays. Et oui, bien sûr que Poutine veut faire disparaître l’Ukraine – et les Ukrainiens. Et oui, bien sûr qu’il y a génocide : non pas, évidemment, celui des russophones par les « bandéristes », mais de tous ceux qui, russophones ou non (mais tout le monde est russophone en Ukraine) ne s’estiment pas russes. Sauf que cette guerre – et bien des gens, dont je suis, le disent depuis le début, – n’est pas une guerre uniquement contre l’Ukraine, mais contre l’idée même de démocratie, et, plus précisément, une guerre contre l’Union européenne. Une guerre contre l’OTAN, certes, mais contre l’OTAN dirigé par Biden et les démocrates. Une guerre qui n’a pas le but de conquérir les territoires de l’Europe occidentale par la force de l’armée, mais de montrer la faiblesse congénitale, structurelle, de la démocratie, puisque les régimes démocratiques ne veulent pas se défendre, ne peuvent pas se défendre. Il s’agit, avec, derrière, la Chine, juste de ça : d’imposer le fascisme par la force et la terreur, et de montrer que la veulerie de ceux qui crient au fascisme. De ce point de vue là, Poutine a gagné sa guerre depuis avril 2022, et même avant. Et, à vrai dire, il l’avait gagnée, cette guerre, avant même de l’avoir commencée, puisqu’il était clair dès le début que si l’Ukraine pouvait prétendre, un jour – pas maintenant (dire que je pensais, en 2022, que ça pourrait être rapide !…) être membre de l’UE, – parce qu’être membre de l’UE, en fait, militairement parlant, ne signifie rien en soi, autant il était clair que jamais l’Ukraine ne serait membre de l’OTAN, parce que l’OTAN avait trop peur de Poutine et que, je le redis une fois de plus, le meilleur garant de la pérennité de Poutine, c’est l’OTAN.
Dans le cas de l’Ukraine et de la Russie, il s’agit d’écraser une population. De l’écraser par tous les moyens possibles, et la torture est un de ses moyens. Les récits de tous les Ukrainiens (de tous, sans exception) qui sont passés par les prisons russes sont formels. La torture est systématique, et les méthodes employées sont celles de la Syrie (ce qui signifie que les méthodes syriennes étaient russes), avec une différence : en Syrie, le régime, installé depuis des années et, pensait-il, pour des siècles, faisait disparaître les gens. En Russie, ce n’est pas tout à fait ça : certes, il y a des gens qui meurent sous la torture, il y a des gens qui disparaissent, mais il y a aussi des gens qui sont échangés et qui, donc, reviennent. Et ce sont ces gens qui reviennent qui racontent. Ils sont relâchés, donc, pour une raison simple : pour qu’ils racontent, et qu’ils fassent peur. Et que leurs récits, – qui comprennent les lieux des tortures et les noms des tortionnaires – prouvent que ceux-ci se savent à l’abri de toute poursuite. La torture est, en elle-même, la proclamation d’une victoire.
Ça, donc, c’était la première étape. Et l’Ukraine, aujourd’hui, ne concerne plus personne (ne me répondez pas « si, moi, elle me concerne ») – mais elle résiste, et elle résiste encore.
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Un chroniqueur de Point (Iannis Roder, connais pas) parle de la gauche « caca boudin » en référence au Jean-Noël qui a insulté Valls sur Inter.
Le 25 décembre à 8h, j’ai pouété :
« Unpopular opinion. Quand Valls est passé sur Inter, un auditeur a appelé la radio. Après un rappel de ses échecs, il a insulté Valls : « vous êtes pire qu’un étron ». Partout sur les RS, c’est la même jubilation.
« Pas pour moi ! Le niveau zéro de la politique, et ça ne m’amuse même pas.
« Je déteste Valls. J’ai dit pourquoi Valls aux outre-mer, c’est dramatique. J’aurais 100 fois préféré que cet auditeur dise à Valls pourquoi sa nomination est déplorable : il est un jacobin laïciste obtus et les problèmes des outre-mer sont tous des problèmes de décolonisation. Il ne saura pas les comprendre et on a raison de s’inquiéter. Un Bernard Pons bis à Ouvéa ? »
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J’ai vu Émilia Pérez en salle hier soir, après tout le monde et sans rien savoir du film, de son histoire, de son contexte. Je me souvenais seulement que « ça chantait ». J’avais dû savoir un peu au moment de Cannes, et j’avais tout oublié (le cinéma de Jacques Audiard ne m’intéresse pas, et il y a beaucoup de trous dans la manière que j’ai de suivre l’actu ciné).
[il y aura des spoilers, dans mon texte. Je préviens celles et ceux qui n’ont pas vu le film et souhaitent le découvrir prochainement.]
Alors, peut-être était-ce mon humeur, ma disponibilité : j’ai vraiment aimé le film. Je l’ai aimé comme un film de genre queer et féministe. Et puis j’ai trouvé intéressant d’aborder frontalement la question de la transidentité. (N’ayant rien lu avant de voir le film, j’ignorais que la comédienne était elle-même trans, et d’ailleurs ça n’a pas d’importance pour moi.)
Un film de genre et une comédie musicale sur l’argent, sur la corruption, sur l’existence, sur le destin qu’on peut changer ou pas, sur le passé qui vous rattrape. Il y a un empilement de thèmes, et j’ai marché. J’aime les films excessifs, parfois, et ce sont aussi les excès du film qui m’ont plu.
Après, j’ai lu des critiques. Je fais ça après avoir vu les films, jamais avant (mon obsession de ne rien savoir des films, quand j’y parviens). La critique de Libé est bien, je trouve.
Par hasard, je suis tombé sur le podcast des critiques de Médiapart (15′), que je n’écoute pas souvent. C’est l’avis le plus critique que j’ai trouvé, et il m’a interpelé. Parce que ces avis partagés parlent du sujet, du traitement de la transidentité par le film. Et je crois qu’ils ont raison.
Ce film, écrit et réalisé par un vieux type hétéro cis (ce que je suis aussi) rate sans doute son sujet. Peut-être n’est-ce pas la question posée par le film. C’est-à-dire que ce n’est pas pour autant que le film est à jeter. Le mélo existentialiste est là, et on peut l’aimer. Et que l’auteur soit vieux hétéro et cis, je m’en fous, ce n’est pas la question. Mais qu’il rate le traitement de la transidentité, pour un film qui aborde le thème de matière frontale pour une des premières fois dans un film mainstream, c’est un problème, et c’est gênant.
Je répète les arguments découverts dans ce podcast, que je n’avais peu eu l’idée de formuler ainsi. Il y a des clichés et des choses fausses, d’abord. Après sa transition, l’odieux narco se transforme en une madone philanthrope qui cherche une rédemption. Cliché ! La transition est décrite comme comprise par la magie du bistouri, ignorant la complexité du processus. Cliché !
Et puis il y a la séquence importante qui est peut-être la plus gênante. Quand Émilia découvre le projet de son ex-femme de partir et d’emmener les enfants, elle est désespérée. Sa colère est terrible, et elle agresse violemment Jessi. Mais ce n’est pas la colère d’Émilia, c’est celle de Manitas. Émilia redevient Manitas pendant cette scène, avec toute sa violence et elle retrouve même sa voix. La scène est dérangeante, elle est faite pour ça, mais ça va au delà. C’est un moment fort du film, d’une certaine manière c’est une jouissance d’horreur pour le spectateur. C’est Dr Jekyll et Mr Hyde, et comme spectateur on aime le personnage de Jekyll-Hyde.
Pourquoi est-ce tellement gênant ? c’est que la transidentité, ce n’est pas du Jekyll-Hyde. La transition n’est pas un masque qui pourra se fissurer à la moindre occasion. Ça serait plutôt le contraire, si elle correspond à un désir profond et à une évidence. La place de ce retour de Manitas, comme un Mr Hyde ou comme un Hulk qui serait tapi, caché, c’est une anomalie. C’est par ça peut-être que la film échoue très profondément dans son traitement du sujet de la transidentité.
[#]EmiliaPerez #cinema
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LA FEMME NARSÈS. – Que disent-elles ? Elles sont méchantes ! Où en sommes-nous, ma pauvre Électre, où en sommes-nous !
ÉLECTRE. – Où nous en sommes ?
LA FEMME NARSÈS. – Oui, explique ! Je ne saisis jamais bien vite. Je sens évidemment qu’il se passe quelque chose, mais je me rends mal compte. Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
ÉLECTRE. – Demande au mendiant. Il le sait.
LE MENDIANT. – Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore.
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Je vous dis, j’ai refais une fixette sur ce texte d’Aragon mis en musique par Brassens, après que Thomas Dutronc et Emma Peters l’ont (bien) chanté en duo à Taratata il n’y a pas très longtemps.
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Rien n'est jamais acquis
À l'homme ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur
Et quand il croit
Ouvrir ses bras, son ombre
Est celle d'une croix
Et quand il veut serrer
Son bonheur, il le broie
Sa vie est un étrange
Et douloureux divorce
Sa vie, elle ressemble
À ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés
Pour un autre destin
À quoi peut leur servir
De se lever matin ?
Eux, qu'on retrouve au soir
Désarmés, incertains
Dites ces mots Ma vie
Et retenez vos larmes
Mon bel amour, mon cher amour
Ma déchirure
Je te porte dans moi
Comme un oiseau blessé
Et ceux-là, sans savoir
Nous regardent passer
Répétant après moi
Ces mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux
Tout aussitôt moururent
Le temps d'apprendre à vivre
Il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit
Nos cœurs à l'unisson
Ce qu'il faut de regrets
Pour payer un frisson
Ce qu'il faut de malheur
Pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de sanglots
Pour un air de guitare
(ça y est je connaît le texte par cœur !
Idée perso : on se passe très bien du vers qui en fait le titre. Pas besoin de le répéter à chaque couplet. On peut parfaitement ne l'énoncer jamais, d'ailleurs...)
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Avec ta robe imprimée en blanc et noir
Et tes paroles que personne ne pourra plus lire
Tu seras ma dernière nouvelle effacée sur le sable
Tu seras mienne pour la mort je t'aime
Et même avec la fin du monde
La fin du monde abstraite où tout n'est que chiffré
Avec ces cœurs d'acier leurs battements trichés
Avec ces poumons d'or dans les cages-ascenseurs
Où l'on se tient debout où l'on se tient ailleurs
Tu vas descendre là pour t'entendre rêver
Même le rêve gueule à n'y pouvoir plus rien
Le silence est rempli du silence trop plein
Quand ça déborde on croit venue la fin des temps
De ces temps mesurés sur des machines obscènes
Où les minutes ont des cons qui se promènent
En se prenant pour l'Éternité et même avec la fin du monde
Je me démerderai pour que t'y voies que dalle
Que dalle c'est pas mal ça ne fait que passer
Ce rien qui prend ses aises aux week-ends de la mort
Quand les ballots y accélèrent leurs victimes
Enchâssée enchristée encollée à mon froc
Tu partiras là-bas vers des boutiques fantastiques
Vers le supermarché où l'on vend la paresse
Où l'on vend de la mort aussi quand on s'y laisse
Où l'on vend la fumée et le vent en paquet
Et l'on paie en sortant avec des sortilèges, l'instant
Au cent millième de seconde, je te regarderai
Tu monteras du fond des âges, tu te prosterneras
Je te tendrai la main et tu m'agripperas, l'instant
Il va fondre sur toi comme la foudre
Trois cent mille bornes à la seconde
Il n'aura plus le temps de s'attarder au feu rouge
On grillera les feux d'alarme et ma pensée qui te devance
Regarde, écoute bien le chant de cet enfant maudit
Que tu croiras ton mec et qui n'est qu'un mirage
Oublié par ma mère au fond d'une poubelle, cette éternelle nuit
Bien se laver le cul c'est donc ça le désordre !
Regarde-moi là dans mes yeux regarde il vient l'instant
Comme à l'automne les bandits jaunes
Qui font aux arbres des hold-up mordorés
Et tu vas t'envahir, et tu vas t'immerger, et te coloniser
Tu es seule dans mes pattes
Comme un saxo gueulant des chants désespérés
Tes cris sont des violons des rues, des hautbois en plastique
Des flûtes de laiton et tu t'en fous, c'est là il est là
Entends la mer qui te remonte dans la gueule
Et cette marée double au fond de tes yeux-feu
Dans le feu de tes yeux mon regard s'est éteint, crie, crie, crie
Tu es moi, je c'est toi, comment t'appelles-tu ?
Tu t'appelles la nuit dans le ventre des filles
De ces filles qui roulent au bord de la mort lente
Tu t'appelles l'amour Tu es toutes les femmes
Tu es toi tu es elles, des niagaras vernis me tombent dans la gueule
Crie, crie, crie, tu n'es plus là parce que tu es moi
Et que je suis ailleurs, je et toi, c'est tout comme
Et l'on s'en va mourir au club des nuits cassées
Qui donc réparera l'âme des amants tristes ?
Qui donc réparera l'âme des amants tristes ?
Qui donc réparera l'âme des amants tristes ?
Qui donc ?
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Comme une fleur venue d'on ne sait où petit
Fané déjà pour moi pour toi dans les vitrines
Dans un texte impossible à se carrer au lit
Ces fleurs du mal dit-on que tes courbes dessinent
On dit dans ton quartier que tu as froid aux yeux
Que t'y mets des fichus de bandes dessinées
Et que les gens te lisent un peu comme tu veux
Tu leur fais avaler tes monts et tes vallées
Tu es aux carrefours avec le rouge mis
On y attend du vert de tes vertes prairies
Alors que j'ai fauché ce matin dans ton lit
De quoi nourrir l'hiver et ma mélancolie
Mélancolie mélancolie la mer revient
Je t'attends sur le quai avec tes bateaux blêmes
Tes poissons d'argent bleu tes paniers ton destin
Et mes mouettes dans tes cris comme une traîne
Je connais une femme lubrique à Paris
Qui mange mes syllabes et me les rend indemnes
Avec de la musique autour qui me sourit
Demain je lui dirai des hiboux qui s'envolent
J'en connais dans ma nuit qui n'ont pas de fourrure
Qui crèvent doucement de froid dans l'antarctique
De cette négation d'aimer au bout de l'ombre
Mes oiseaux font de l'ombre en plein minuit néon
Sous les verts plébiscites
Tu connais une femme lubrique à Moscou
Qui mange tes syllabes et les met dans ton bortsch
Il connaît une femme lubrique à Pékin
Qui mange sa muraille et la donne au Parti
Demain nous leur dirons des hiboux qui s'envolent
J'en connais dans leur nuit qui n'ont plus de jaquette
Qui crèvent doucement de froid sous leur casquette
Avec leurs beaux yeux d'or mêlés du Palomar là-bas
Vers les voix de la nuit des étoiles perdues
J'entends des sons lointains qui cherchent des caresses
Et dans les faits divers là-bas ça s'exaspère
Et ça tue le chagrin comme on tue la flicaille
Au coin d'un vieux soleil exténué des glaces
Mélancolie Mélancolie la mer se calme
Je vois monter partout des filles et des palmes
Avec des fruits huilés dans la fente alanguie
Les matelots me font des signes de fortune
Ils se noient dans le sang du soleil descendant
Vers l'Ouest toujours à l'Ouest Western de carton-pâte
Le dentifrice dans la nuit se tient au rose
Un néon de misère emprunté à tes yeux
Viens je t'emmènerai là-bas vers les grands astres
Dans le désastre du matin ou chez Renault
Voir comment l'on fabrique un chef et des autos
Voir la pitié grandir sur des croix qui s'enchristent
Je t'aimerai sur la chaussée et son collant
Ton goudron j'y prendrai le suc de mes cavales
J'aurai l'air d'un roi nègre tu mettras à la moelle
Où je glouglouterai repu ton sentiment
Ton sentiment a le goût de gazelle
Ton ventre n'est qu'un champ de lavande à midi
Et mon couteau qui crisse en y fauchant ma mie
Est d'un faucheur distrait qui s'éploie sous ton aile
Il est au féminin ton sentiment
Il est comme ces demoiselles qui en ont à revendre
Et qui le vendent bien
Ton sentiment me fait gonfler mes voiles d'ange
Ton sentiment me fait du bien au sentiment
Et les fleurs du pavé poussent des cris étranges
Moi qui viens du pavé vers toi et me dressant
Et moi je ne te prends que ce que je te dois
Si je n'avais que du sentiment à t'filer
Il y a bien longtemps que tu m'aurais banni
De ton fief de ton cul de ta loi de tes langes
Il y a bien longtemps que tu te serais cassée
Mais tu m'as réveillé
Et tu nous as tirés de notre mort quotidienne
Et puis toi tu te meurs dans la rue à midi
Sous des floppées de soleils mous
Et de ces mecs qui te prennent dans les mirettes
Et qui te mirent bien dans l'os
Des fois que leur labo pourrait leur renvoyer subito
Ta dégaine grandeur naturliche à la mesure de leur page
Des fois le soir ils te prendraient impunément
Ils s'empaquetteraient de toi de ton devoir de grue
Comme dans un journal, au fond t'es un journal
Je te lis je te plie je te froisse et tu cries
Quand on froisse la soie la forêt sa copine
Lui fait des cris de sœur lui fait des cris sublimes
La soie du crépuscule a des cris de velours
Dans des lits de parade, dans ces feuilles d'automne
Des taches de rousseur sur la gueule des bois
Je te lis je te plie je te froisse et tu cries, au fond t'es un journal
Tu t'en prendrais plutôt pour cinq colonnes
Chez toi le fait divers sonne comme un outrage
Tu es partout chez toi et même aux mots croisés
Tu m'y fais deviner les armes de ta voix
Je t'aime et verticalement c'est bien
Tu croises dans mes eaux quand je suis ton pirate
Je te lis je te plie je te froisse et tu cries
Quand je t'aurai bien lue y compris les annonces
J'irai au marché aux poissons et t'envelopperai de moules vertes
Au fond t'es un journal mouillé
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Je serai ton ami
Et ton boyfriend aussi
Celui qui guidera ta main
Pour voir ton chemin
S'éclaircir
Je serai ton pote
Ta dope, ta pharmacopée
Je serai le cachet qui fond
Sous la langue pour t'apaiser
Je serai tout près
Gardant bien mes distances
Ton poison le plus violent
Ton fils de joie, ton astre blanc
Je jouerai
À tous les hommes de ta vie
Que j'incarnerai
À l'envie
Je serai ton défi
Mais ni ton père, ni ton psy
Et lorsque tu dérouilles, je serai là
Pour calmer les embrouilles
Une solide épaule
Si tu perds le contrôle
Ta machine infernale, ton étalon
La B.O de ton film
Je jouerai à tous les hommes de ta vie
Que j'incarnerai
À l'envie
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La nuit porte conseil et je sais le mal que l’on nous fait
Le mal que l’on nous fait parfois et mon humeur est
Down, down, down, down
Le monde est bleu comme toi
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La question leur brûle les lèvres. Mais ce mercredi 11 décembre, aucun des sénateurs macronistes conviés à déjeuner dans le salon des portraits de l’Elysée n’ose aborder le sujet devant le président de la République. Quand, soudain, finissant sa tranche de veau, Emmanuel Macron évoque, de lui-même, le futur « premier ministre », dit-il. « Le ou la ? », tente, devant lui, l’élu de Côte-d’Or (Renaissance) François Patriat en quête d’un maigre indice sur le profil du prochain chef du gouvernement. « Le ou la, tu as raison, François, le premier ministre ou la première ministre », corrige le chef de l’Etat, reprenant le fil de sa phrase en laissant l’assistance dans un épais brouillard.
[Le Monde, Sandrine Cassini et Claire Gatinois, jeudi 12 déc 2024]
🙄
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Ferrat 1975. On se moquait de Ferrat alors, assez lourd et pas drôle, comme réservé aux tourne-disques des familles communistes. J’avais envie de vérifier ce matin comment ce texte avait résisté au temps. Bah ! pas si mal, je trouve.
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme
Entre l'ancien et le nouveau
Votre lutte à tous les niveaux
De la nôtre est indivisible
Dans les hommes qui font les lois
Si les uns chantent par ma voix
D'autres décrètent par la bible
Le poète a toujours raison
Qui détruit l'ancienne oraison
L'image d'Eve et de la pomme
Face aux vieilles malédictions
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme
Pour accoucher sans la souffrance
Pour le contrôle des naissances
Il a fallu des millénaires
Si nous sortons du moyen âge
Vos siècles d'infini servage
Pèsent encore lourd sur la terre
Le poète a toujours raison
Qui annonce la floraison
D'autres amours en son royaume
Remet à l'endroit la chanson
Et déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme
Il faudra réapprendre à vivre
Ensemble écrire un nouveau livre
Redécouvrir tous les possibles
Chaque chose enfin partagée
Tout dans le couple va changer
D'une manière irréversible
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face aux autres générations
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme
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Les costumes sont de Roger Harth et les décors de Donald Cardwell.
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🎶 My Bonnie lies over the ocean
My Bonnie lies over the sea
My Bonnie lies over the ocean
Oh, bring back my Bonnie to me… 🎶
Ray Charles et les Raelettes, Juan-les Pins, octobre 1961
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Vous connaissez le mouvement #4B ? j’en ignorais tout jusqu’à ce que Franco « Bifo » Berardi en fasse le point le plus important de la fin de sa conf. C’est d’abord un mouvement né en Corée, ce sont des Coréennes qui ont lancé le mouvement 4B (quatre mots coréens en B : pas d’amour romantique avec un homme, pas de sexe avec un homme, pas de mariage, pas d’enfant). Un mouvement radical très minoritaire (quelques milliers d’adeptes, pense-t-on) mais avec un vrai retentissement social dans la perception de l’état de la société, tellement conservatrice et avec des normes sociales de genre oppressantes. Le contexte est celui de la natalité déjà la plus basse du monde, avec un taux de fécondité de 0,7 et 65% des femmes qui ne veulent pas d’enfant.
Berardi, ironique, léger et sombre, discourait sur un monde à l’avenir compromis par les changements climatiques et la crise de la biodiversité, dont la fin pourrait venir plutôt d’un déclin démographique radical et volontaire, avant même les autres catastrophes à venir. C’est encore une utopie, mais ça serait peut-être pas plus mal.
Revival des 4B aux US après l’élection de Trump, L’ami Dana en cause. Lisez-le. @danahilliot
L’enjeu c’est une résistance déterminée au patriarcat et au capitalisme. Je crois que Dana a raison. Une radicalité poussée à la limite (je crois me souvenir de précédents historiques assez semblables, tout aussi minoritaires, ou même plus, mais je n’ai pas la réf.). Je pense que c’est significatif, cependant. Que ça dit quelque chose qui mérite qu’on s’y attarde.
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L’amouuuuur
Deux citations de Lacan, ce roublard, évidemment contradictoires, paradoxales, abondamment commentées, et qui énervent. 😋 Je vous les livre telles quelles. Débrouillez-vous avec ça !
« L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. »
« L’amour fait signe, et il est toujours réciproque. »
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Pourtant personne tu le sais bien,
Ne repasse par sa jeunesse.
Ne sois pas stupide et comprends
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Et les villes s’éclabousseraient de bleu
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⤴️ L’idée et les premières images, c’est @Serenity. Là c’est juste une variante que j’ai eu envie d’ajouter…. 😊
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text/gemini