Petite réflexion personnelle sur l'utilisation d'IA de génération d'images au sein de Ludiconcept (mon entreprise).
Je pars du postulat que l'utilisation de ces IA n'est pas éthique. C'est péremptoire car ce n'est pas mon sujet. Mon sujet, c'est les conséquences de ce postulat.
L'émergence de ces outils pose la question de ma capacité à maintenir ou non du travail d'illustration humain et rémunéré, dans un contexte concurrentiel. Ludiconcept a 4 salariés dont 1 illustratrice-graphiste.
Si je propose 20 illustrations à 2000 € à un client, et que le concurrent en propose 50 à 200 € parce qu'elles sont générées par IA, le client ira chez le concurrent.
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Ce n'est pas possible d'utiliser éthiquement une IA de génération d'image. Je suis d'accord. Mais en fait, éthiquement, ce n'est pas si simple.
J'ai 3 salariés qui comptent sur moi. Tous les mois, j'ai plus de 8000 euros de masse salariale à payer, plus tous les autres frais. Je dois donc absolument faire du chiffre.
A un moment donné, je serai peut-être obligé d'utiliser l'IA pour baisser mes prix et gagner un client, et ainsi avoir de quoi payer les salaires. Mon illustratrice ferait moins d'illustration, son poste serait maintenu grâce au graphisme.
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L'alternative ce serait une baisse de chiffre d'affaires, l'incapacité de payer les salaires, et donc des licenciements.
Quel serait le choix le plus éthique ? Refuser d'utiliser l'IA et mettre mes salariés au chômage ? Ou bien utiliser l'IA pour garantir leurs salaires ?
Ça vous rappellera peut-être une célèbre image de train avec un embranchement et des gens attachés sur les rails. Sacré dilemme moral.
Pour l'instant la question ne se pose pas. Mais à l'avenir, elle se posera peut-être.
Au final, je pense que ma décision sera similaire à celle de fabriquer ou non en France : Je laisserai le choix à mes clients.
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Car après tout, ils sont les donneurs d'ordres, ce sont leurs critères de décision qui m'imposent ces choix, c'est à eux d'assumer la responsabilité de leurs choix de consommation.
Actuellement, je propose à mes clients soit la fabrication UE, soit la fabrication FR (50% + chère). Ils choisissent rarement la fabrication FR.
Je pense que ce sera pareil avec l'IA, si je laisse le choix au client. Les valeurs et l'éthique, ça vaut peut-être 10% du prix. 20% chez les clients les + vertueux. Au delà de 10% de différentiel, à résultat égal, c'est l'argent qui l'emporte dans la décision.
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PS : j'avais écrit un article sur la question.
https://www.ludiconcept.fr/midjourney-dall-e-2-stable-diffusion-quelle-place-pour-les-images-generees-par-ia/
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Au passage, c'est exactement le même dilemme avec la pollution. On ne pollue pas pour le plaisir. On pollue parce que ça coûte moins cher.
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@mathieubaiget
Toutes les entreprises sont confrontées à des évolutions de leurs activités, dans le Cloud c'est tous les 3 ans qu'il faut se remettre en cause et changer profondément sa façon de travailler. L'IA est un outil comme l'a été Photoshop au début, certains se sont dit je veux des photos non retouchées, d'autres ont pris l'outil pour faire des séances photos moins précises ou moins loin donc moins chères.
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@mathieubaiget
Dans les activités où l'IA est pertinente ça a déjà commencé à prendre la place des humains. Mais ne pourrais tu pas proposer des prestations IA et glisser que si ce n'est pas parfait vos graphistes pourront repasser derrière pour affiner ?
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@mathieubaiget
Le souci des propositions de graphisme c'est qu'on ne sait pas d'avance quel rendu on va avoir et si cela va plaire. Aussi l'IA peu proposer plein de rendus différents et permettre au client d'affiner son jugement sur son besoin et de finir par un rendu IA plus travaillé ou de l'humain.
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@wallace concernant tes exemples : tous les cas l'IA remplacera l'humain. Tout ou en partie. Dans tous les cas cela reviendra à utiliser l'IA. Dans tous les cas les questions éthiques demeureront.
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@mathieubaiget
Un bon exemple d'éthique, les fast food, je ne suis pas grand fan mais parfois ça dépanne. Quand les bornes de commande sont arrivées j'ai souhaité continuer à commander au guichet, pour maintenir une relation humaine, pour ne pas avoir à faire du travail déguisé et pour maintenir l'emploi du personnel. La personne me demandait pourquoi je ne voulais pas commander à la borne. J'ai expliqué les raisons mais la personne n'en avait rien à faire, "vous savez dans quelques mois je ne
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@mathieubaiget
Serais plus là, donc je m'en fiche". Au final ces enseignes emploient moins de monde, cotisent moins de charges, font payer plus cher leurs menus tout en ayant réduit les portions. Eux sont ultra gagnant, la société perd, l'humain perd. Au final je n'y vais plus à cause des bornes. Parce que je peux m'en passer et aller dans un restaurant normal. Pour l'IA c'est différent très vite la majorité vont s'y mettre et les consommateurs vont suivre.
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@mathieubaiget
L'éthique va s'effacer face à ce changement. Tout comme personne n'a pleuré le sort des copistes quand l'impression est arrivée.
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@wallace oui effectivement il est possible que tout le monde s'y mette. Ce qui me dérange le plus, au delà de la manière dont ces algorithmes sont entraînés en volant de la propriété intellectuelle... ce qui me dérange, c'est qu'on va remplacer des salariés et des indépendants en France par des multinationales aux USA. Et la valeur captée par l'IA contribuera encore à la concentration des richesses, à la déshumanisation de la société et à la surconsommation de ressources.
Parce que le problème n'est pas l'IA en soi. C'est la dépendance qu'elle crée par la centralisation des fonctions dans un seul outil dont on devient tributaire.
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@mathieubaiget
l'Europe est hors jeu sur beaucoup de choses et l'IT en fait parti. Nous ne sommes que de simples consommateurs de solutions.
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