Le bilan du cyclone qui a frappé Mayotte n'est pas encore établi, mais une chose est sure : il est dramatique. Néanmoins, pour comprendre ce qui se joue sur l'île, il faut appréhender cette catastrophe pour ce qu'elle est : une catastrophe coloniale.
Notre communiqué du 26.12
[#]France #Mayotte
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Le nombre de victimes du cyclone Chido qui a ravagé Mayotte ce lundi 16 décembre est encore loin d’être établi. Mais que celles-ci se comptent en centaines, en milliers ou en dizaines de milliers de mort•es, et plus encore de blessé•es, une seule chose est certaine : le bilan humain de ce drame est d’ores et déjà catastrophique. Tsedek! tient à apporter son soutien plein et entier au peuple Mahorais face à ce désastre, de même qu’aux Comorien•nes vivant sur ce territoire, qui constituent une part considérable des victimes.
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L’ampleur des destructions, sans précédents dans l’histoire récente de la France s’explique largement par la situation particulière de l’île dans laquelle la domination coloniale la maintient. Le cyclone s’est en effet avéré d’autant plus meurtrier qu’il a frappé un territoire marqué par la pauvreté, et dont une part considérable du bâti était constituée d’habitations précaires. Malgré les rodomontades régulières du pouvoir colonial, qui ces dernières années a multiplié les opérations de police dans le but officiel de réduire leur nombre, beaucoup des habitant•es de l’île continuaient en effet avant lundi dernier à vivre dans des bidonvilles.
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Le cyclone les a presque intégralement détruits.
Depuis lors, les différents représentants du pouvoir se sont vautrés dans le ridicule et l’ignominie, à commencer par le nouveau premier ministre, François Bayrou, qui a préféré assister au conseil municipal de la ville de Pau plutôt que de se rendre sur l’île, à une heure ou la gravité du bilan humain ne pouvait être ignoré.
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Il s’est par la suite illustré par un lapsus ô combien révélateur de l’appréhension coloniale de ce territoire par l’Etat français, en justifiant son incurie par l’usage voulant que le premier ministre et le président de la République ne s'absentent pas tous deux du territoire français au même moment - oubliant manifestement que Mayotte est aujourd’hui un département français, et les Mahorais•es censément des citoyen•nes à part entière.
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Préférant pour sa part l’abjection au ridicule, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau s’est fendu d’un tweet quelques heures seulement après le passage du cyclone, dans lequel il déclare : “Mais il faut déjà penser au jour d’après. On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire.”
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Dans la même ligne, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé dès le jeudi suivant le passage du cyclone sa volonté de “renforcer la lutte contre l’immigration clandestine” sur le territoire. Lors de son déplacement sur place, il s’est illustré par une posture coloniale et un discours profondément raciste, répondant à des habitant•es qui avaient tout perdu : “Vous êtes contents d’être en France, parce que si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde”.
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La proclamation d’une journée de deuil national dix jours après le passage du cyclone ne peut faire oublier l’insuffisance des moyens mis en oeuvre par les autorités au regard de la situation humanitaire dramatique de l’île : graves problèmes d’approvisionnement en eau et en nourriture, insuffisance des secours, qui n’ont notamment pas été déployés dans les jours ayant suivi le passage du cyclone dans les bidonvilles où vivent principalement les Comorien•nes maintenu•es en situation irrégulière par l’Etat,
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mise en place d’un couvre-feu, méthode de contrôle coloniale d’autant plus absurde qu’elle prétend s’appliquer à des populations dont les habitations ont été détruites.
L’état de “calamité naturelle exceptionnelle” a été décrété, et le premier ministre a affirmé qu’il s’agissait de “la catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles”. Pourtant, la lecture de ce drame en termes de catastrophe naturelle n’est qu’une manière pour les autorités de se dédouaner de leur écrasante responsabilité dans l’ampleur de la catastrophe.
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C’est en effet parce qu’il a frappé un territoire marqué par une situation coloniale singulière que le cyclone a été aussi destructeur. Le 22 décembre 1974 se tient un référendum portant sur l’indépendance de l’archipel des Comores, dont Mayotte fait partie. La décision de la France de reconnaître ce résultat île par île plutôt que globalement, au mépris du principe de droit international portant sur l’indivisibilité des entités coloniales, a arraché Mayotte à son environnement régional, et a créé la situation inextricable que connaît l’île aujourd’hui.
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Les mouvements de population entre les îles de l’archipel, qui apparaissaient d’autant plus naturels qu’ils concernaient des groupes culturellement homogènes, et bien souvent des familles, se heurtent désormais à une frontière artificiellement créée par la France. De même, l’arrachement de Mayotte aux Comores a créé un profond déséquilibre entre les territoires de la région : si Mayotte reste le département le plus pauvre de France, elle n’en demeure pas moins beaucoup plus riche que les îles voisines, ce qui pousse de nombreux•ses Comorien•nes à tenter de s’y installer pour fuir la misère.
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La situation économique des Comores est du reste largement imputable à l’ingérence française, et notamment aux coups d’Etat organisés par le mercenaire français Bob Denard, qui ont largement contribué à l’instabilité politique du pays.
Les conditions de vie inhumaines dans lesquelles les Comorien•nes se retrouvent obligé•es de vivre à Mayotte en raison des politiques répressives de l’Etat français contre cette “immigration clandestine” en a fait une population particulièrement vulnérable aux dévastations provoquées par le cyclone. Enfin, cette situation a provoqué le développement d’un profond racisme au sein de la société mahoraise.
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Au second tour de l’élection présidentielle 2022, Marine Le Pen a recueilli à Mayotte 59% des suffrages. C’est cette situation qui explique l’ampleur du drame provoqué par le cyclone. C’est également pour cette raison que la volonté immédiatement affichée par le pouvoir français d’y remédier par une politique migratoire encore plus répressive et sécuritaire, en plus d’être humainement abjecte, est politiquement inepte.
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Mayotte constitue aujourd’hui pour la France un territoire d’une grande importance stratégique, qui lui permet de conserver un pied dans le canal du Mozambique, mais également un laboratoire en matière de politique de répression coloniale et de lutte contre l’immigration. Pourtant, faute d’une appréhension de la situation dans sa profondeur historique et sa dimension coloniale, de mêmes causes continueront à produire de mêmes effets, à un coût humain toujours plus catastrophique.
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